Née en 1971 d’une mère bretonne émigrée au Canada à l’âge de six ans et d’un père gascon venu visiter l’Expo 67, Katia Canciani a vécu toute sa jeunesse à Blainville, en banlieue de Montréal. Petite, elle se passionne pour mille choses. Adolescente, dévoreuse de livres, elle se voit zoologiste et se perd dans des savanes imaginaires, mais — est-ce Saint-Exupéry qui l’aura marquée, ces voyages en France ou la proximité de l’aéroport de Mirabel où sa famille se plaît parfois à pique-niquer le dimanche ? — c’est une autre passion qui la tenaille à 14 ans : l’aviation. Même si ses parents ne voient pas cela d’un œil favorable, elle joint alors le mouvement des Cadets de l’aviation royale du Canada et y obtient ses premières ailes, de pilote de planeur, à seize ans; puis de pilote privé sur avion à dix-sept ans.
Katia Canciani est ensuite admise, en 1988, au très contingenté programme de pilotage d’aéronef offert au Centre québécois de formation aéronautique (CQFA) du Cégep de Chicoutimi. Elle souhaite plus que tout poursuivre sa formation de pilote professionnelle… en brousse! À cette époque, les femmes ne sont pas encouragées à choisir cette spécialisation occupée uniquement par des étudiants masculins. Toutefois, l’obtention par Katia Canciani d’un prix au concours québécois Chapeau, les filles! en 1990, un concours qui récompense les jeunes femmes de la relève professionnelle osant sortir des sentiers battus, s’avère l’outil qui lui permet de consolider son choix aux yeux de tous. Son parcours est semé d’embûches, mais même un accident en solo sur hydravion le 6 septembre 1990 ne la détourne pas de son rêve. En 1991, Katia Canciani trace la voie en devenant la première femme diplômée en « pilotage de brousse » dans l’histoire du Cégep de Chicoutimi.
Après l’obtention de son diplôme d’études collégiales, Katia Canciani met les voiles pour l’Ouest canadien. Au bout de quelques mois, engagée comme professeur au sol, elle devient coordonnatrice de l’entrainement des francophones, puis instructeur de vol et de voltige au Canadian Aviation Training Center, une division de compagnie aéronautique Bombardier qui assure la formation initiale et la sélection des pilotes militaires canadiens à Portage-La-Prairie, Manitoba, sur des avions de type Slingsby T-67 Firefly. Katia Canciani revient au Québec au milieu des années 1990, travaille quelques mois au Regional Jet Training Center de Bombardier avant de donner naissance à son premier enfant. Elle reprend un travail d’instructrice de vol chez Aéro-Taxi, à l’aéroport de Saint-Hubert, en 1997, mais décide de suspendre sa carrière de pilote professionnelle afin de se dévouer à sa petite famille.
Au cours des années 2000, Katia Canciani habite en Ontario, puis en Nouvelle-Écosse. À cette époque, maman de trois filles, elle complète un baccalauréat en communication avec la TÉLUQ, qui lui méritera le prix du Lieutenant-gouverneur général du Québec, collabore au journal de son université et cofonde un regroupement culturel francophone. À la fin de ses études universitaires, Katia Canciani décide de se consacrer à l’écriture. En 2006, elle publie un premier roman, Un jardin en Espagne. Retour au Généralife, encensé par la critique. L’auteure publie également, en 2006, sa première œuvre destinée aux jeunes lecteurs. Au fil des années, elle publie 47 livres, allant de l’album au roman. Son album pour enfant, Pique la lune, racontant la biographie d’Antoine de Saint-Exupéry, est traduit en 4 langues. En 2009, Katia Canciani publie son deuxième roman de littérature générale, 178 secondes, dont le titre est tiré d’un bulletin bien connu de Transport Canada, Un instant… pour votre sécurité. Ce roman se mérite entre autres le prix littéraire des enseignants du Québec et est au programme de lecture de nombreuses écoles secondaires.
Elle fait aussi paraître un récit épistolaire, Lettre à Saint-Exupéry, où elle raconte son parcours d’écrivaine, de pilote et de mère sous forme d’une discussion fictive avec son héros de jeunesse. Toujours en 2009, Katia Canciani revient s’établir au Québec, où elle poursuit son travail d’écrivaine tant au niveau de la littérature jeunesse que de la littérature générale. Elle se remet à la pratique du pilotage, après avoir délaissé les commandes d’un aéronef pendant plus de treize ans, revalide son annotation d’instructeur et travaille dans quelques écoles de pilotage, dont Lachute Aviation, Découvairte Aviation et Gatineau Aviation avant de cofonder sa propre école de pilotage, Pilotage Évolution. Elle cède les rênes de son entreprise en 2016.
Katia Canciani œuvre désormais comme Gestionnaire des Plans d’urgence et de contingence de l’Aviation civile, chez Transports Canada. Elle y développe entre autres une nouvelle division visant à améliorer l’information fournie aux opérateurs aériens concernant les zones de conflit, les protocoles de sécurité et les pratiques opérationnelles à proximité de ces zones afin de prévenir de futures tragédies aériennes. Katia Canciani a été élue Présidente du Groupe de Transport - Aviation civile de l’OTAN, une première pour une femme, et pour le Canada. Elle y siégera jusqu’en mai 2022.
3 Comments
merci de ce bel hommage a ma fille, cela fut touchant de lire et de relire sont parcours, elle est et restera une femme exemplaire,a mes yeux de maman, qui voulais que sa fille laisse sa trace en tant que femme je suis comblé encore merci yvette fortier
Ce fut un plaisir ma chère dame…!
Je suis très heureux d’avoir fait la connaissance de Katia Canciani grâce à cet article. Merci.