Frederick Kearns (1924-1987) est né à Quyon (Québec). Durant la Deuxième Guerre mondiale, il s’enrôla dans l’aviation royale canadienne et devint pilote de Spitfire. Membre de l’escadrille 443, il compléta 145 missions. Après la guerre, il entama des études en commerce à l’Université McGill. Membre de la réserve durant les weekends, il pilota de 1950 à 1954 des chasseurs Vampire à Saint-Hubert, au sein de l’escadrille 401.
Il se joignit à Canadair en 1949 à titre de simple commis. Gravissant tous les échelons, il occupa par la suite les fonctions de comptable, d’assistant contrôleur (1954), de président adjoint (1957), de vice-président exécutif en ventes et finances (1960) et de membre du conseil (1961). En 1965, à l’âge de 41 ans, il fut nommé Président et Chef de la direction, poste qu’il occupa durant 18 ans (le plus long mandat dans l’histoire de Canadair).
À une période où les lucratifs contrats militaires se faisaient plus rares et où l’industrie connaissait une récession, plusieurs envisageaient la fermeture pure et simple de la compagnie. Mais Kearns travailla d’arrache-pied pour maintenir Canadair en vie. Sous sa gouverne, plusieurs projets innovateurs furent entrepris, tels le CL-41 Tutor, les engins de reconnaissance CL-89 et 289, le bombardier d’eau CL-215 – célèbre dans le monde entier – et le jet d’affaire CL-600 Challenger. Le 6 avril 1976, Kearns annonçait l’acquisition des droits du Lear Star 600, à partir duquel le Challenger 600 fut développé. Le vol inaugural eut lieu en 1978. Bien qu’initialement le programme ait connu des ratés, Kearns gagna son pari au long terme. Toujours en production, plus de 850 appareils de la famille Challenger ont été livrés à ce jour, faisant du Challenger un des plus grands succès de l’industrie canadienne. Poursuivant la tradition, la cellule du Challenger inspira, dans les années 1990, le développement des avions régionaux CRJ, qui font aujourd’hui la renommée de Bombardier Aéronautique. Par sa vision du futur de l’industrie, Frederick Kearns sut maintenir Canadair sur l’échiquier des grands de l’aéronautique, contribuant aujourd’hui à positionner Bombardier Aéronautique au troisième rang mondial des fabricants d’avions civils.