Personne sans doute dans l’histoire de l’aviation canadienne ne s’entraîna avec autant d’ardeur à améliorer sa vision et la précision de son tir en vol que George Beurling. Natif de Verdun (Qc), Beurling rêva toute son enfance d’être pilote de chasse et effectivement, il devint le premier as canadien de la Seconde Guerre mondiale avec un score de 32 avions abattus (dont 27 en seulement 14 jours dans l’enfer du ciel de Malte). Beurling fut indéniablement un des meilleurs pilotes de chasse de son temps. Sa personnalité était cependant complexe. Tantôt d’un commerce agréable et affable, il devenait entêté et insolent l’instant d’après, particulièrement face à l’autorité. Il empoisonna l’existence de plusieurs officiers de commandement. Son surnom «Buzz» tire son origine de sa propension à voler en rase-mottes pendant l’entraînement, terrorisant les paysans anglais et contrevenant continuellement à la réglementation aérienne. Les réprimandes, démotions ou menaces de cour martiale n’avaient aucune emprise sur lui. Plus grave encore pour ses supérieurs était son penchant à briser la formation, faisant fi du travail d’équipe à la base du combat aérien préconisé.
Son surnom «Buzz» tire son origine de sa propension à voler en rase-mottes pendant l’entraînement, terrorisant les paysans anglais et contrevenant continuellement à la réglementation aérienne.
Mais l’acuité visuelle de Beurling était telle qu’il repérait un avion ennemi longtemps avant tout le monde. Au retour d’une mission au-dessus de la France au cours de laquelle l’escadrille ne rapporta aucune activité ennemi, Beurling prétendit avoir descendu un FW-190. Le film de combat (synchronisé avec le canon de son Spitfire) révéla qu’il avait aperçu un point dans le ciel, foncé sur lui, manoeuvré de derrière pour l’abattre, puis réintégré sa formation sans qu’aucun de ses coéquipiers d’escadrille (12 avions) ne s’aperçoive de quoi que ce soit! Précédant la libération de l’Europe, il entraîna de jeunes recrues à l’art du combat aérien. Certains d’entre eux devinrent des as à leur tour. Privé de sa principale raison de vivre, le retour à la vie civile fut une période difficile pour Beurling. Le destin finit par le rattraper en 1948, lorsque son avion s’écrasa fatalement à Rome alors qu’il était en route comme volontaire dans les Forces aériennes israéliennes.