Roger Coulombe fut, durant la Deuxième Guerre mondiale, pilote de bombardier Lancaster au sein de l’escadrille 426. Statistiquement, les chances des équipages de bombardiers de compléter leur tour opérationnel de 30 missions n’étaient que d’une sur trois. Après la guerre, Arthur Harris, chef du Bomber Command, avouera: “Ils étaient virtuellement – et ils ne le savaient que trop – des condamnés à mort en sursis”.
«Je voyais le visage du pilote allemand de si près que j’aurais pu le reconnaître à terre le matin suivant»
Coulombe compléta 30 missions au-dessus de l’Allemagne, dont un raid sur Nuremberg au cours duquel 96 bombardiers alliés ne revinrent pas. Mais surtout, Coulombe détient le record parmi tous les aviateurs alliés pour le plus grand nombre de raids sur la capitale Berlin, reconnue comme la ville la plus difficile à attaquer en raison de sa formidable défense antiaérienne et de son éloignement en plein cœur du territoire ennemi. Un raid sur Berlin constituait un accomplissement majeur. Coulombe en réalisa douze! Cet exploit lui valut le surnom de «Berlin Kid». Le journal de bord de Coulombe se présente comme la chronique d’un interminable voyage en enfer, soulignant «les milliers de projecteurs lumineux et de batteries antiaériennes, les centaines d’avions de chasse défendant Berlin». Attaqué une nuit sans relâche par un JU88 et un FW190, Coulombe écrit: «Je voyais le visage du pilote allemand de si près que j’aurais pu le reconnaître à terre le matin suivant». Criblé de balles, le Lancaster réussit néanmoins à revenir à sa base sur un moteur et demi… atterrissant sur une seule roue! De façon quasi routinière, Coulombe devait entreprendre de tournoyantes manoeuvres d’évitement et des piqués vertigineux, aux commandes de son lourd quadrimoteur opposé à de rapides avions de chasse. La panique gagnait parfois son équipage mais Coulombe les ramena toujours à la base. Après son tour opérationnel, Coulombe devint instructeur de vol, obtenant le grade supérieur A2 et servant comme maître-pilote au sein de l’Unité d’entraînement opérationnel no 22. Volontaire pour le front du Pacifique, la guerre se termina avant son transfert en Asie. Après la guerre, Coulombe embrassa une brillante carrière dans la dentisterie. Par son brio, Roger Coulombe symbolise l’effort anonyme de ces milliers d’aviateurs du Bomber Command, dont trop ne revinrent pas.